posté le 29-08-2010 à 18:28:04

Egyptiennes

Quelques mots, par des coeurs inspirés

Par des âmes, torturés, par l'esprit agencés.

 


 
 
posté le 22-08-2010 à 20:01:37

Un Nom, enfin

C'est après être descendu de la barque qui le ramenait sur la rive droite du Nil qu'Imamedou apprit qu'il était de nouveau père par un domestique de la maison de son frère venu l'accueillir lui et sa modeste troupe. La présence de ce serviteur était purement formelle. Mon père connaissait depuis longtemps le chemin qu’il faisait volontiers à pied et son frère également puisque c’est vers son logis que l’on se rendait. Cette présence était toutefois un minimum pour ne pas déstabiliser les quatre gaillards armés de longs et solides bâtons de son escorte. Dans leur esprit un haut personnage devait être attendu partout où il allait. S'il n' y avait personne... Le scribe ne voulait pas que l'on se pose de question. Des gens qui doutent ne sont pas fiables estimait-il.  D'ou cette mise en scène convenue sur les sept carrières et mines qu'il devait contrôler .        En effet, Imamédou était tout de même mandaté régulièrement par le Vizir de Thèbes pour rendre compte de l’état de  ces sites de la première cataracte du Nil à la capitale du moment, Thèbes. {Thèbes. Magnifique ville qui me vit fleurir jusqu‘a l‘adolescence...}

    Pour mener à bien cette mission, il devait être crédible. Même si son état de scribe du palais était respectable et respecté partout où il se présentait par les autorités, Imamédou n'en demeurait pas moins convaincu qu'il fallait montrer que l'on pouvait dans certains cas ajouter autre chose au poids des Hiéroglyphes...    Cette remarque fit sourire le Vizir Amtou lorsqu’il chargea de cette mission pour la première fois  le jeune Imamédou, il y a déjà six saisons des moissons. Ainsi fut fait et depuis à chaque tournée saisonnière quatre gardes, chaque fois différents armés seulement de « longs et solides bâtons », accompagnaient le scribe et son frère.    Suivant le pas décidé de son chef, la petite troupe rejoignit rapidement la résidence d’ HAnkou, pour prendre des nouvelles de l’enfant et de la mère. Par prudence, le domestique avait omis de décrire les circonstances de ma venue au monde de sorte que la hâte n’avait pas pour objet l’inquiétude. Au seuil de la chambre où se reposait son épouse, Imamédou pris sommairement congé de ses accompagnateurs et se rendit auprès d’elle.  Bien qu’elle fût encore fatiguée par son aventure et la chaleur, c’est avec un sourire que Néferèt accueillit son époux. Les ouvertures de la pièce n’avaient pour fermeture que des voiles de lin tissés. Frémissants parfois sous le vent ou la brise, ils laissaient passer la lumière et ne protégeaient que modestement des effet de Rê resplendissant.    Allongée sur son lit, Néferèt replia un peu le voile qui la recouvrait,  dévoilant sa petite poitrine gonflée par la maternité et une menue chose encore un peu fripée au souffle rapide et aux gestes  incontrôlés : moi.    Imamédou frôla de sa main la joue de celle qu’il aimait et pris sa main pour la porter contre son coeur en fermant les yeux.     Bien qu’il ait souhaité un second garçon, il était heureux d’avoir une fille. Il n’osa pas me toucher de peur de me faire du mal, sans doute, ou trop ému.  Il se réfugia dans ses pensées en communion avec son épouse.     Ce grand bonhomme, lettré, instruit, d’une belle carrure et d’apparence rude, bien qu’un petit estomac devenu un peu proéminent  au fil du temps démontrait qu’il  était sensible aux plaisirs de la vie, restait réservé quant à l’expression de ses sentiments. S’il souriait, il était rare qu’on vit ses dents...    Néferet avait une hauteur de tête de moins que son époux. Mince, aux formes harmonieuses, elle ne manquait ni de caractère ni de fantaisie. Elle avait ajouté avec le temps à son comportement une certaine malice frisant la provocation. Sans méchanceté. Son esprit s'était ouvert à la philosophie. Prenant de la distance avec les choses de la vie.  Cela avait pour effet que selon son humeur elle réagissait.     Imamédou la considérant comme son égale, lui donnait les accès aux savoirs qu’il possédait.  Enfin presque à tous. L'amour est une chose mais la raison liée à un contexte qui évolue sans cesse requiert un peu de prudence. Sa fonction faisait des envieux et sa loyauté envers son maître lui laissait craindre logiquement  d'éventuels ennemis. Probables ou inattendus. Mieux valait, lui semblait-il  que sa facétieuse épouse, pour leurs sécurité,  n'exerce les talents de son esprit dans le tout venant...    Il savait que ce n'était pas très élégant mais pensait que c'était nécessaire.    Un vagissement ramena le couple à la réalité.

 


 
 
posté le 05-08-2010 à 21:18:55

Arbre sucré

Je suis née une première fois en l'an XII de notre Pharaon Thoutmosis troisième du nom,  fils d' Amon et d' Isis le dix-huitième jour du premier mois de la saison des récoltes "chémou". Cela dit pour  faire simple car c'était une période étrange.    Mon nom est "Khétbenèr", ce nom était sans doute plus mélodieux il y a 3500 ans... Fille de Imamedou  et de Néferèt   Il me fut donné par les circonstances de ma naissance. Un jour que ma mère enceinte regagnait notre demeure du moment après avoir cherché un peu de fraîcheur au bord du Nil avec sa belle soeur et deux servantes. L'âne qui la portait fit un écart, provoquant sa chute.  Une des deux servantes qui l'accompagnait marchant prés de l'animal ne pu qu' amortir le choc.  En s'interposant entre la cavalière et le sol elle se blessa sur les pierres du chemin. Toutes ces émotions déclanchèrent le processus qui devait se terminer par ma venue dans ce monde. Comme il n'était pas possible de regagner le logis c'est à l'ombre d'un sycomore tout proche que se fit l' accouchement.